Michael Sean Strickland
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2014

896 — Lefebvre, H. (1972). Espace et politique. Le droit à la ville, II. Paris: Anthropos. Deuxième édition, 2000. 29 August 2014, Philadelphia.

« S’il est vrai que les mots et concepts: « ville », « urbain », « espace », correspondent à une réalité globale [...] et ne désignent pas un aspect mineur de la réalité sociale, le droit à la ville se réfère à la globalité ainsi visée. Ce n’est pas un droit naturel, certes, ni contractuel. En termes aussi « positif » que possible, il signifie le droit des citoyens-citadins, et des groupes qu’ils constituent (sur la base des rapports sociaux) à figurer sur tous les réseaux et circuits de communication, d’information, d’échanges. Ce qui ne dépend ni d’une idéologie urbanistique, ni d’une intervention architecturale, mais d’une qualité ou propriété essentielle de l’espace urbain: la centralité. Pas de réalité urbaine, affirmons-nous ici et ailleurs, sans un centre: sans un rassemblement de tout ce qui peut naître dans l’espace et s’y produire, sans rencontre actuelle ou possible de tous les « objets » et « sujets » » (pp. 21–22).

« Exclure de « l’urbain » des groupes, des classes, des individus, c’est aussi les exclure de la civilisation, sinon de la société. Le droit à la ville légitime le refus de se laisser écarter de la réalité urbaine par une organisation discriminatoire, ségrégative. Ce droit du citoyen (si l’on veut ainsi parler: de « l’homme ») annonce l’inévitable crise des centres établis sur la ségrégation et l’établissant: centres de décision, de richesse, de puissance, d’information, de connaissance, qui rejettent vers les espaces périphériques tous ceux qui ne participent pas aux privilèges politiques. Il stipule également le droit de rencontre et de rassemblement; des lieux et objets doivent répondre à certains « besoins » généralement méconnus, à certaines « fonctions » dédaignées et d’ailleurs transfonctionnelles: le « besoin » de vie sociale et d’un centre, le besoin et la fonction ludiques, la fonction symbolique de l’espace (proches de ce qui se trouve en deça comme au-delà des fonctions et besoins classés, de ce qui ne peut s’objectiver comme tel parce que figure du temps, qui donne par là prise à la rhétorique et que les poètes seuls peuvent appeler par son nom: le Désir) » (p. 22).

« Les problèmes sont liés; si on laisse faire, on aura des centres de décision, de puissance, de pouvoir, de richesse, d’information, intitulés formations « quaternaires ». Dans la perspective de cette centralité décisionnelle qui pourrait se fortifier à la faveur même des critiques néo-libérales de la centralité, la politique de l’espace risque d’aboutir à des inégalités de croissance et de développement encore plus grands que dans le passé. En principe, ces inégalités de croissance et de développement ont été combattues, plus ou moins corrigées; il pourrait venir un jour où elles seraient aggravées de façon concertée, c’est-à-dire utilisée par le pouvoir central » (pp. 68–69).

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